1ère partie. « major rex siamensium », « le plus grand des rois du Siam » (?)
Il est dommage que ce roi, qui fut un grand roi, n’ait le plus souvent à l’étranger d’autre image que celle fallacieusement répandue par l’ouvrage de Anna Leonowens qui séjourna à sa cour de 1862 à 1866 avec de modestes fonctions d’institutrice, roman dont on a tiré plusieurs films « à l’eau de rose » mais sans le moindre rapport avec la vérité historique, que le rôle du monarque soit joué avec talent par Yul Brynner ou Rex Harrison (1). Comme l’écrit notre écrivain ami Jean-Marcel « la célébrité (de AL) occulte souvent la vérité historique » (2).
Sa jeunesse
พระบาทสมเด็จพระปรเมนทรมหามงกุฎพระจอมเกล้าเจ้าอยู่หัว Phrabatsomdetphraporamenthramahamongkut ou plus simplement Rama IV ou le roi Mongkut est né le jeudi 18 octobre 1804.
Nous savons que son père, Rama II (3) avait entretenu une liaison plus ou moins secrète avec une concubine, เจ้าจอมมารดาเรีย Chaochommandariam, devenue Princesse ศรีสุราไลย Sisourathaï
qui lui donna le 31 mars 1788 un fils, le prince ทับ Thap devenu le successeur de son père, Rama III. Mais de son épouse « principale » la reine ศรีสุริเยนทร Suriyen,
elle-même descendante de Rama Ier, donc sa cousine, il eut deux fils, มงกุฎ Mongkut, et ปิ่นเกล้า le prince Pinklao né le 4 septembre 1808, qui joua un rôle politique important sous le règne de son frère (4).
Il reçut l’éducation classique d’un petit prince (littérature, poésie, bouddhisme, pali et sanscrit, histoire de son pays, art de la guerre, géographie) mais son monde était borné au grand palais et à l’enseignement de cette époque (5). A l’âge de 9 ans, comme prince de rang le plus élevé, il reçoit le baptême d’eau lustrale. Il reçoit la tonsure royale à l’âge de 13 ans, le 25 février 1817 au cours de cérémonies somptueuses qui durent plusieurs jours et se terminent au Wat Arun.
Ces cérémonies, voulues par son père, établissaient clairement son rang. Il les fera d’ailleurs plus tard célébrer de la même façon en faveur de son fils Chulalongkorn (6).
Conformément à la tradition bouddhiste, il passe sept mois dans un temple à l’âge de quatorze ans, puis revêt à nouveau à l’âge de 20 ans la robe safran, guère avant la mort de son père, comme « moine temporaire ».
Que se passa-t-il à la mort de son père ?
Monseigneur Pallegoix, son ami, qui a très certainement recueilli ces propos de sa bouche nous dit :
« Il n’avait guère que 20 ans ; En sa qualité de fils aîné de la reine, le trône lui appartenait mais un de ses frères, fils d’une concubine, et plus âgé que lui (né en 1788, le futur Rama III a alors 36 ans) s’empara du pouvoir en disant au prince « tu es encore trop jeune, laisse moi régner quelques années et, plus tard, je te remettrai la couronne. Il se fit donc couronner roi sous le nom de Phra Chao Phrasat Thong. Une fois sur le trône, il paraît que l’usurpateur s’y trouvant bien, ne songea plus à remplir sa promesse. Cependant le prince, craignant que s’il acceptait quelque charge dans le gouvernement, tôt ou tard, et sous quelque spécieux prétexte, son frère ne vint attenter à sa vie, se réfugia prudemment dans une pagode et se fit talapoin… (7).
Tout laissait à penser que Mongkut, fils aîné de la Reine Sri Suriyen, serait choisi. Mais manipulation politique soigneusement orchestrée par la mère, ou sentiment que dans un moment critique (la guerre anglo-birmane vient de commencer) une main plus expérimentée était indispensable à la direction du royaume, le choix du Conseil des Princes et des ministres se porte sur son demi-frère aîné, né en 1787 d'un mère qui n’était pas de sang royal, le prince Tap, devenu เจ้าอยู่หัว Chao Yuhua, beaucoup plus âgé et ayant l’expérience des relations étrangères dont son père l’avait chargé. Il s’imposa donc comme successeur sans difficultés avec – semble-t-il – l’accord au moins tacite de son demi-frère cadet et légitime.
Dans les temples bouddhistes.
C’est un moine qui plus tard deviendra roi, un exemple pratiquement unique dans l’histoire du monde (8). Il est monté sur le trône après 27 ans de « vie cachée » (le Christ en a eu 30 !). Ces années là sont probablement essentielles pour comprendre les 17 ans de son règne (il est mort le 1er octobre 1868). Y avait-il appris à s’initier « au monde moderne » ? Peut-être ; mais sa conception de la monarchie comme nous le verrons, nous laisse un peu songeur. Le changement est immense, passant de la vie fastueuse de prince héritier, vie de luxe et de richesse à celle de simple moine voué à la pauvreté.
Il résidait dans un temple situé près de la paroisse de la Conception
dont Monseigneur Pallegoix, pas encore prélat, avait la charge. Il s’intéresse à tout, c’est le médecin- missionnaire Bradley
qui lui a appris l’anglais, mais il suivit aussi les leçons, 4 fois par semaine, d’un autre missionnaire anglican celui-là, le révérend Jess Caswell (9).
Il apprend l’existence de ce « talapoin » français proche de chez lui, le fait convoquer et lui demande de lui enseigner le latin. Pendant plus d’un quart de siècle, nous dit toujours Monseigneur Pallegoix, il s’adonne à l’étude, du pali, du sanscrit, des religions, de l’histoire, de la géographie, de l’astronomie, des mathématiques. Aussi, si le prince-moine ne s’est pas « ouvert » à la culture occidentale, du moins l’a-t-il apprise. Monseigneur Pallegoix est venu aussi prêcher dans son temple, il est évident que la lecture du « sermon sur la montagne » avait de quoi séduire de pieux bouddhistes.
Si l’on en croit Launay, l’étude du christianisme, jointe à ses profondes connaissances du bouddhisme, l’auraient conduit à envisager de devenir fondateur d’une religion nouvelle et de rédiger un système philosophico-religieux qu’il enseignait à ses ouailles (10). Si cette tentation au syncrétisme a bien existé, on comprend aisément que « la fréquence et l’intimité des relations entre le prêtre européen et le prince éveillèrent la jalousie du roi qui ordonna à son frère de se séparer de M. Pallegoix. Le prince obéit mais il conserva au missionnaire une inaltérable amitié qu’il se hâta de manifester dès qu’il eut le pouvoir en mains » nous dit toujours Launay.
Comme moine, il avait pu constater que le clergé n’avait plus qu’une connaissance lointaine des canons bouddhistes. A l’occasion d’un déplacement à Phetchaburi en 1829 il rencontre พุทธวังโส Buddhawangso,
un moine que l’on pourrait qualifier de bouddhiste de stricte observance et dont il va suivre les leçons pour réformer le bouddhisme siamois.
Il organise la réforme du ธรรมยุติกนิกาย ou ธรรมยุต Dhammayuttika Nikaya ou Thammayut Nikaya qui sera reconnu officiellement par la Sangha en 1902 comme l’une des deux branches du bouddhisme theravada au Siam cherchant à rendre le bouddhisme plus orthodoxe et souhaitant supprimer tous les éléments de superstition qui au fil des ans étaient devenu partie prenante (et toujours encore) du bouddhisme thaïlandais. En 1836, il devient abbé เจ้าอาวาส Chaoawat du วัดบวรนิเวศวิหารราชวรวิหาร Wat Bowonniwetvihararajavaravihara,
titre conféré par son frère le roi, temple situé à Bangkok, toujours centre spirituel du bouddhisme Thammayut Nikaya, où le roi actuel a fait un bref séjour de moine temporaire (11).
S’il n’est pas le fondateur d’une religion syncrétique, tout au moins est-il le père incontestable de l’une des deux branches de l’actuel bouddhisme siamois. Nous ne nous attarderons pas sur les interprétations divergentes que l’une ou l’autre peut donner de l’enseignement de Bouddha, elles nous sont aussi étrangères que les discussions des théologiens byzantins sur le sexe des anges.
L’accession au trône.
Au commencement de l’année 1851, le roi étant tombé très malade, rassembla son conseil et proposa un de ses fils pour successeur. On lui répondit : Sire, le royaume a déjà son maître. Atterré par cette réponse, le monarque rentra dans son palais et ne voulut plus reparaître en public. Le chagrin et la maladie le minèrent bien vite et il expira le 3 avril 1851. Ce jour là même, malgré les complots des fils du roi défunt que le premier ministre sur habilement comprimer, le prince quitta ses habits jaunes et fut intronisé … » (7).
Dans un courrier adressé à Sir Browring, le monarque est encore plus sobre : « Notre frère aîné succéda à notre royal père. Son couronnement eut lieu en août 1824. Son règne dura 26 ans et se termina le 2 avril 1851. La question de sa succession fut réglée et je fus couronné le 15 mai de la même année » (12).
Nous connaissons plus en détail la question de ces « complots » auxquels Mgr Pallegoix fait allusion, par les souvenirs du révérend Bradley. Rama III était père de 52 enfants, 22 de sexe mâle dont deux d’entre eux avaient des prétentions à succéder à leur père. Toujours est-il que le prince-moine, avisé de la maladie de son frère, avait probablement senti venir le vent, avait été prévenu du complot et avait reçu l’appui des chefs des armées, de la toute puissante famille Bunnak
et peut-être aussi de la colonie anglaise de Bangkok. Sir James Brooke, le rajah blanc de Sarawak, aurait même fait dire des prières publiques pour le soutenir ? (13).
Le roi n’avait pris aucune disposition formelle pour sa succession, il n’y avait pas d’Uparat désigné, le choix d'un successeur était dévolu au Conseil des Princes et des ministres. Certes, le roi mourant tenta de transmettre la couronne à l’un de ses nombreux fils, mais le Conseil de la Couronne refusa et quelques jours plus tard, Mongkut devint roi sans effusion de sang, probablement aussi parce que le Conseil était composé de bouddhistes, comme lui, « de stricte observance » ? C’est en tous cas l’opinion de l’abbé Low Moffat (6) (14).
Nous savons (15) que Rama IV, latiniste distingué, se qualifiait volontiers de « rex siamensium » ou, en toute modestie de « major rex siamensium » (16).
Nous savons aussi qu’il avait de sa fonction une haute conception, ne serait-ce que par le texte de sa lettre au Pape transmise par Monseigneur Pallegoix (15) « Qu’il sache que dans le principe lorsque l’onction sacrée du roi n’avait pas encore coulé sur moi, j’avais lié connaissance, amitié et bons rapports avec le prêtre Jean-Baptiste » (17).
On peut sourire et plus encore quand on lit sous la plume d’Amédée Gréhan (en 1871) : « Plus tard il rêva au Siam l'établissement d'une monarchie constitutionnelle basée sur la pondération des pouvoirs, et quoique cette idée n'ait pu encore être réalisée au Siam, les institutions de ce pays n'en ont pas moins fait un grand pas vers une amélioration sensible » (18).
C’est un monarque éclairé, certes, mais ce n’est pas, loin de là, un monarque à l’occidentale qui serait - constitutionnellement – initié au monde moderne ! Comme ses prédécesseurs, il est et restera un monarque absolu, éclairé mais absolu.
***



Il parait tout autant que son frère moine avoir manifesté une dilection particulière pour les connaissances occidentales. En 1833, il rencontra en tous cas Edmund Roberts, envoyé par le président américain en Extrême-Orient, lors de la signature du « traité Roberts ».
Selon Roberts, il lui aurait rendu des visites nocturnes secrètes sur son navire le Peacock. Si l’on en croit toujours le dit Roberts, il parlait parfaitement l’anglais avec une excellente prononciation. Nous prendrons cette affirmation pour ce qu’elle vaut sachant que l’américain s’est émerveillé d’entendre le prince s’écrier « wow » pour manifester sa surprise ! (20).
Il fut couronné พระบาทสมเด็จพระปิ่นเกล้าเจ้าอยู่หัว Phrabatsomdetphra Pinklao Chaoyuhua,
prince du second palais, ce sont des titres royaux, en même temps que son frère qui exigea qu’il soit respecté comme lui et que lui soient rendus les mêmes honneurs. Ce sont des titres aussi qui font de lui l’héritier présomptif. Pour Wyatt, il s’agissait surtout d’éviter toute contestation du couronnement de son frère aîné ? (21).
Mais les relations entre les deux frères restèrent toujours harmonieuses. Pinklao s’intéresse aux affaires étrangères, maitrisant parfaitement la langue anglaise (bien sûr, il sait dire « wow » !) il jouera comme nous le verrons un grand rôle dans la négociation du traité Bowring de 1855, ainsi que dans la négociation ultérieure du traité Harris de 1856 et la mise à jour du traité Roberts de 1833. Comme prince du second palais, il a droit à une armée privée et une flotte de guerre.
En tant que second roi, Pinklao était donc l’héritier présomptif du trône mais il mourut deux ans avant son frère, le 7 janvier 1866 ce qui évita probablement une nouvelle querelle successorale avec l’un ou l’autre de ses neveux.
Par contre, le pouvoir ou la réalité du pouvoir administratif est entre les mains de la famille ดิศ บุนนาค Dit Bunnak
d’origine persane mais ayant, par les femmes et le jeu de multiples alliances royales, du sang royal, elle est conduite par son patriarche สมเด็จเจ้าพระยาบรมมหาประยูรวงศ์ Somdet Chaophraya borommahaprayurawong, ancien chef des armées lors de la guerre contre le Vietnam en 1833, soutien probable de Mongkut lors de la mort de Rama III, négociateur aux côtés de Pinklao du traité Bowring, futur régent à la disparition de Rama IV. Une sorte de premier ministre occulte dont un frère est gouverneur de Bangkok.
Rien donc de changé sur le plan « constitutionnel », le pouvoir est entre les mains du roi, maître de la vie mais ilse retrouve comme sous ses prédécesseurs éparpillé entre les mains d’une véritable camarilla familiale. Rama Ier eut 42 enfants, Rama II en eut 73 et Rama III en eut 51. La moitié mâle, il fallait bien la caser. Nous sommes également fort loin d’une conception de l’administration d’un pays « à l’occidentale » comme le monarque aurait pu la connaître par Monseigneur Pallegoix ou ses deux professeurs d’anglais.
***
Une fois monté sur le trône, Rama IV n’est plus astreint à l’obligation de chasteté que lui imposait son statut de prieur d’une abbaye bouddhiste Thammayut Nikaya. Du célibat monastique, il passa au harem puisqu’il eut en tout 32 épouses (et si l’on en croit Miss Leonowens, plus d’un millier de personnes du sexe à sa disposition dans son sérail ?)
Il épousa la toute jeune et toute belle princesse โสมนัสวัฒนาวดี Somanat Watthanawadi alors âgée de 17 ans.
C’est une petite fille de Rama III (donc la propre nièce de son mari), fille du prince พระองค์เจ้าลักษณานุคุณ Laksananukhun.
Elle donna le jour à un petit prince qui mourut très rapidement et elle-même mourut peu de temps après.
Il épousa ensuite เทพศิรินทร Thepsirin (ou Debsirindra) née le 17 juillet 1834 et morte le 9 septembre 1861.
C’est encore une petite fille de Rama III, fille du prince ศิริวงศ์ Siriwongsee. Elle lui donna quatre enfants :
Le prince Chulalongkorn (สมเด็จพระเจ้าลูกยาเธอ เจ้าฟ้าจุฬาลงกรณ์), plus tard Rama V,
La princesse Chandornmondon (สมเด็จพระเจ้าบรมวงศ์เธอ เจ้าฟ้าจันทรมณฑล กรมหลวงวิสุทธิกระษัตริย์) morte à 8 ans ;
Le prince Chaturonrasmi (สมเด็จพระเจ้าบรมวงศ์เธอ เจ้าฟ้าจาตุรนต์รัศมี) (1856–1900),
Et le prince Bhanurangsi Sawangwongse (สมเด็จพระเจ้าบรมวงศ์เธอ เจ้าฟ้าภาณุรังษีสว่างวงศ์) (1859–1928) qui occupa des fonctions importantes dans les armées royales sous le règne de son frère.
Il épousa ensuite la princesse Piyamawadi Siphatcharinthramata (สมเด็จพระปิยมาวดี ศรีพัชรินทรมาตา) qui était de plus modeste extraction et qui lui donna encore six enfants royaux :
Le prince Unakananantanorajaya (อุณากรรณอนันตนรไชย) mort adolescent,
le prince Devavongse Varoprakarn (สมเด็จพระเจ้าบรมวงศ์เธอ กรมพระยาเทวะวงศ์วโรปการ) qui jouera un rôle politique important comme ministre des affaires étrangères,
la princesse Sunantha Kumarirat (สุนันทากุมารีรัตน์) morte à 20 ans après être devenue l’une des quatre reines de son demi-frère futur Rama V,
la princesse Savang Vadhana (สว่างวัฒนา) encore une mariée à Rama V et grand-mère du roi actuel.
Et enfin le prince Prince Svasti Visishta (สวัสดิวัตน์) père du futur Rama VII.
C’est la princesse Svasti Visishta qu’ Anna Leonowens connut comme reine, et qu’elle décrit dans ses mémoires comme « à peine jolie, mais bien formée, et sans tact, totalement inculte, de naissance à peine respectable mais dotée de beaucoup d’intuition ».
Nous vous ferons grâce de la liste de ses descendants nés des autres épouses secondaires et des concubines royales.
Nous n’avons pas l’intention d’écrire un chapitre de l’almanach de Gotha concernant la famille royale siamoise (22), une vie n’y suffirait pas, mais de simplement effectuer une constatation d’évidence, tous ces enfants royaux ou princiers tiendront tous les postes importants du royaume, une constante qui ne cessera en fait qu’après le coup d’état de 1932 et l’adoption de la constitution qui interdira cette pratique.
L’ouverture du Siam au monde moderne sous Rama IV, ce n’est ni sur le plan constitutionnel ni sur le plan administratif qu’elle s’est effectuée comme nous allons le voir.
A suivre …
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Note
(1) Anna Leonowens « The English Governess at the Siamese Court and The Romance of the Harem » écrit en 1870 mais surtout popularisé par le roman de Margaret Landon « Anna and the King of Siam » publié en 1944.
(2) « Sept lettre de Rama IV à Anna Leonowens », article publié dans Bulletin de l’ « Association thaïlandaise des professeurs de français » N°. 123, année 35 (janvier–juin 2012).
(3) Voir notre article 117 « Rama II (1809-1824) ».
(4) Rama II eut en tout 72 enfants.
(5) Nous savons tant par la lecture de La Loubère que par celle de Monseigneur Pallegoix, que l’enseignement scientifique à cette époque était parfois singulier : on apprenait aux petits siamois que le Mont Kailash était le centre du monde,
la plupart des Siamois ignoraient que la terre était ronde et tournait autour du soleil. Nous y reviendrons lorsque nous analyserons l’ouvrage de Monseigneur Pallegoix.
(6) Cette période de la vie de Rama IV fait l’objet de très longs développements dans l’ouvrage de « Mongkut, the king of Siam » de l’abbé Low Moffat, publié en 1961, probablement la meilleure biographie du roi parmi toutes celles que nous avons consultées.
(7) Dans le second volume de « Description du royaume thaï ou Siam » dont une grande partie est consacrée à l’histoire du royaume (1854).
(8) Nous connaissons bien sûr des monarques qui sont allé finir leurs jours dans un couvent, Charles Quint et Philippe II d’Espagne son fils mais guère d’autre exemple dans le sens contraire autre que celui du Ramire II d'Aragon le Moine au XIIème qui en réalité n’exerça pas le pouvoir qu’il ne reçut que de façon nominale.
(10) Adrien Launay « Histoire général de la société des missions étrangères » volume 3, pages 118s.
(11) Voir le site
http://www.dhammathai.org/e/thailand/contemperary.php et la biographie de Low Moffat déjà citée.
(12) « The kingdom and people of Siam » (1857).
(13) source Wikipédia invérifiable.
(14) « The accession of king Mongkut » in « Journal de la Siam society » 1961 article de William L. Bradley qui cite d’abondance les souvenirs de son grand-père Dan Beach Bradley. Celui-ci, missionnaire américain protestant arrivé au Siam à partir de 1835 servit de médecin au futur Rama IV et en fit un parfait anglophone.
(15) Voir notre article 124 sur Monseigneur Pallegoix « son grand ami » : « Monseigneur Pallegoix (1805-1862) ».
(16) Il n’y a pas d’équivoque possible sur notre traduction, rex siamensium , roi des siamois, bien sûr, major, ce pourrait être « le premier » dans un autre contexte mais il n’est pas le premier roi des Siamois (par rapport au second, premier ce serait « primus», c’est donc le plus grand, major est le superlatif irrégulier de l’adjectif magnus, grand.
(17) L’ « onction sacrée », le terme a-t-il été volontairement choisi ? C’est probable, en tous cas un parallèle évident à faire avec l’onction sacrée que recevaient les rois de France lors de la cérémonie du sacre à Reims, disparue avec Charles X, sacre que certains théologiens catholiques allèrent jusqu’à considérer comme le huitième sacrement.
Nous sommes très loin de l’origine du pouvoir des monarques avec lesquels le pays sera en rapport, Napoléon III, devenu empereur par les vertus d’un coup d’état et d’un plébiscite, et la reine Victoria, issue d’une légitimité monarchique mais dont le rôle était plus symbolique que politique ayant à faire à la chambre des communes et à celle des lords.
(18) « Rapport sur un mémoire sur le roi de Siam de Monsieur M.A.Gréhan, consul du roi de Siam à Paris » in « Bulletin de la société d’anthropologie de Paris » IIème série, tome VI, 1871, pages 416 s. Gréhan étant consul du Siam, on peut lui pardonner cette énorme flagornerie qui fait du grand Rama IV un démocrate !
(19) Rabibhadana M.R. Akin, 1996, « The Organization of Thai Society in the Early Bangkok Period 1782 – 1873 ».
(20) Edmund Roberts « Embassy to the Eastern courts of Cochin-China, Siam, and Muscat : in the U. S. sloop-of-war Peacock ... during the years 1832-3-4. » notamment chapitre XIX « Government of Siam » publié chez Harper & brothers (numérisé).
(21) David Wyatt « Thailand: A Short History » Yale University Press, 1984 (p. 167).
(22) De nombreux sites Internet, souvent en thaï, s’y consacrent, par exemple http://www.soravij.com/royalhouses.html
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