Tous les Thaïlandais ont appris à l’école que leur pays, leur Nation est né avec le royaume de Sukhotai fondé en 1238 par le roi Sri Indraditya (ou Pho Khun Sri Indrathit) (1238- 1257), en chassant l’occupant khmer.
En effet, à la mort du roi khmer Jayavarman VII en 1218, le pouvoir angkorien qui dominait la région va se fragiliser et de nombreuses cités thaïes vont tenter de s’émanciper de la tutelle khmère. Et en 1238 deux chefs thaïs - Phya Muang de Muang Rat et Bang Klang Thao de Muang Bang Yang – vont réunir leurs forces et réussir à évincer le gouverneur khmer de Sukhotai.
Bang Klang Thao prendra alors le pouvoir pour devenir le 1er roi de Sukhotai.
Pour comprendre cet événement historique majeur, il faut savoir que de nombreux muang (cités) thaïs existaient bien auparavant dans le bassin du Ménam et sur le Haut-Mékong, certains depuis plus de deux siècles, et bien que vassalisés par le pouvoir môn ou khmer avaient su par alliance, mariage, se voir accorder titres et prérogatives, et autonomie parfois. D’ailleurs pour Georges Cœdès, cette émergence des Thaïs était « moins un bouleversement soudain dans le peuplement de la péninsule, que la prise du pouvoir par une classe dirigeante d'origine thaïe [...] la substitution du gouvernement des Thaïs à l'administration khmère ».
Mais la fondation du royaume de Sukhotai a commencé bien avant 1238. Un article de wikipédia nous dit que « Selon les historiens modernes, la sécession de Sukhotai d'avec l'Empire khmer commença dès 1180, sous le règne de Po Khun Sri Naw Namthom, souverain de Sukhotai et de la cité voisine de Sri Satchanalai (…) Il bénéficiait à cette époque d'une large autonomie, mais il fut repris vers 1180 par les Môns de Lavo sous leur roi Khomsabad Khlonlampong. » (Référence ?)
Mais que savons-nous du règne du roi Sri Indraditya (1238- 1257) ?
Il faut tout d’abord constater que nous savons peu de choses. L’article du wikipédia anglais sur le roi Sri Indraditya est proposé avec la référence de l’étude de G. Coedes de 12 pages, intitulée « The origins of Sukhodaya Dynasty. » datée de 1921 ( !), dans laquelle il avoue ne rien avoir appris de probant sur l’origine de Sukhotai, ni sur la personnalité du roi Sri Indraditya, au vu des sources dont il disposait (épigraphie, textes en pali composés à Chiangmai au début du XVI ème siècle, des légendes préservées dans les « Annales du Nord », des textes chinois traduits par le professeur Pelliot, etc. )
Son étude commence avec la traduction d’une inscription datée de 1357, nommée « Nagara Jum » qui fait référence, entre autres, à Pho Kun Ban Klang Thao et à Pho Kun Pha Chao Muang Rat.
Il y est dit que Pho Kun Ban Klang Thao s’est uni militairement avec Pho Kun Pha Chao, le chef de Muang Rat (Que l’on ne peut plus situer), et a pris possession du muang Sri Sajjanalaya. Pho Kun Pha Chao, quant-à lui, a pris Ban Klong, dont le territoire allait jusqu’à Pho Khun Pha Muang. Malgré des passages effacés, Coédés signale que Khlon Lampong, probablement un Khmer, devant le danger représenté par les deux armées thaïes les attaqua, mais fut vaincu. (Date ?) Pho Khun Pha muang entra dans Sukhodaya et confia le gouvernement à Pho Kun Ban Klang Thao.
Celui-ci attendit que l’armée de Pho Khun Pha muang évacua la cité avant de s’y rendre. Il devenait le Chao Muang de Sukhodaya (Sukhotai), avant de prendre le nom de Sri Indrapatindratitya et le titre de Kamrateng An (ou Khamaeng) Pha Muang. Il est dit que Pho Khun Pha Muang accepta de céder le pouvoir car le nouveau roi avait pris sa fille comme épouse. Coédés précise que ce titre de Kamrateng An provenait du Cambodge et légitimait le nouveau pouvoir. Il sera d’ailleurs donné à ses successeurs.
Il est dit ensuite qu’une fois le roi nommé, chacun retourna dans sa cité ou son village comme auparavant. Et il est évoqué rapidement les successeurs : Son fils Pho Khun Ramaraja qui a construit le dharma à Sri Sajjanalaya, puis Rama Khamheng qui a construit le grand Chedi de Sawankalok en 1285 ou 1287, puis Dharmaraj, le petit fils de Sri Indraditya et fils du roi Lodai (qui aurait eu aussi le titre de Dharmaraja), qui aurait lu tout le « Tripitaka », réformer le calendrier, et serait l’auteur du « Traiphum ». (sic) (Nous reviendrons sur cette succession)
Autrement dit, l’article de wikipédia anglais était la traduction simplifiée de l’étude de Coedès, qui était elle-même une proposition de traduction d’une stèle de 1357 dont certaines parties étaient effacées et qui – vous l’avouerez- nous donnait peu d’informations sur cette fondation de Sukhotai.
Ainsi l’histoire de la fondation du royaume de Sukhotai qui est considéré comme le premier royaume de la Thaïlande, peut se résumer en quelques lignes, et sans ne rien connaître de son premier roi.
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