Après avoir relaté avec Luc Lacroze, les grands pionniers français du Mékong ((1884-1935) (1), une période historique entre la France et le Siam (2), les mystérieux nagas du Mékong (3), il était temps de nous intéresser aux enjeux politiques et économiques que font peser les barrages construits sur le Mékong et notamment ceux de la Chine, avec leurs conséquences écologiques et humaines, sur les cinq pays qu’il traverse en aval : le Myanmar (anciennement Birmanie), le Laos, la Thaïlande, le Cambodge et le Vietnam.
Depuis plus de 20 ans, des articles de journaux, des études, des thèses, des colloques, des actions et des manifestations de riverains pêcheurs et agriculteurs, des commissions à l’ONU, des organisations non gouvernementales (ONG) alertent les Etats et l’opinion publique internationale sur les dangers et les conséquences écologiques et humaines des barrages chinois construits sur le Mékong, d’une longueur variable entre 4.350 et 4.900 km, oubliant quelque peu, comme nous le verrons, la responsabilité des autres Etats. Encore récemment en janvier 2018 « Le petit journal » de Bangkok titrait « Inquiétudes pour le Mékong menacé par les barrages chinois » (4) Il est vrai que les projets annoncés ne vont qu’amplifier les désastres déjà constatés.
Mais nous verrons que si les menaces des barrages chinois sont le plus souvent cités, les autres Etats du Mékong ont leur part de responsabilité et doivent répondre à ce que Thiet Nguyen Van, appelle dans sa thèse« les prérequis nécessaires au développement ». « De nos jours, la production d’énergie et d’eau potable sont devenus des prérequis nécessaires au développement de l’industrialisation et de l’urbanisation dans les plaines du Sud-Est asiatique, subissant depuis deux décennies une explosion démographique et économique (Fortunel et Gironde, 2011; Koninck et Rousseau, 2013). Pour répondre à cette demande, à la fois le secteur public et le secteur privé sont actuellement d’importants investisseurs dans la construction de grands barrages hydroélectriques sur de nombreuses rivières des régions asiatiques (King et al., 2007 ; McNally et al., 2009) » (5)
Chaque pays doit effectivement assurer le développement à sa population et lui fournir l’électricité et l’eau qui lui est nécessaire. Si le plus souvent les médias sont focalisés sur les barrages construits sur le Mékong, il ne faut pas oublier que l’hydroélectricité est une énergie renouvelable et n’occupe qu’une faible part (Sauf au Vietnam) dans la production de l’électricité nationale de chacun des six pays, et qu’elle est de plus moins « polluante » que les autres énergies comme le charbon et moins dangereuse que le nucléaire.
Toutefois, le fait que le Mékong traverse six pays pose des problèmes spécifiques qui nécessitent une coopération internationale.
Nous avons effectivement un fleuve « international » dont Nguyen Quoc Dinh, retrace les étapes depuis l’accord franco-siamois du 25 août 1926, la Convention de Pau de 1950, la convention de Paris de 1954 relative à la liberté de navigation maritime et fluvial (6). Et puis en 1957, une commission économique des Nations-Unies pour l’Asie et l’Extrême-Orient étudie le développement des ressources hydrauliques dans le bassin inférieur du Mékong, si nécessaires pour l’irrigation et l’hydroélectricité. En 1958, le Comité du Mékong se forme avec le Laos, la Thaïlande, le Cambodge et le Vietnam ; la Chine en est exclue, guerre froide oblige. Il aura à son actif de nombreuses études et de favoriser les recherches en agronomie, le développement des marchés agricoles et industriels et l’éducation des populations sur les problématiques liées au fleuve. Il aidera à la réalisation de barrages réservoirs, de digue et de réseaux de drainage, pour aider la production d’électricité, l’irrigation, la production de poisson, et diminuer les inondations en aval en régulant le débit du fleuve.
Ce Comité volera en éclat entre 1975 et 1976, lorsque le Laos deviendra la République populaire démocratique des peuples du Laos, le Vietnam sera réunifié et les Khmers rouges réussiront à prendre le pouvoir au Cambodge. Ce dernier événement entrainera le départ du Cambodge du Comité en 1977. Toute la région entrera alors dans une période de conflits et de problèmes financiers pour devenir le Comité intérim du Mékong (1978-1995).
La situation s’apaisant, le 5 avril 1995, la convention visant à créer la Mekong River Commission (MRC) est signée par le Cambodge, le Laos, la Thaïlande et le Vietnam. Cette convention réaffirme le désir de coopération de ces pays autour des enjeux de la région, mais aussi l'importance d'une commission indépendante vis-à-vis d'autres instances internationales. (Cf. Wikipédia) Mais les grandes déclarations de type onusien sont souvent en contradiction avec les décisions prises par les Etats, qui doivent résoudre leurs besoins énergétiques et d’eau. De plus – vous l’aurez constaté- la MRC ne comprend pas le Myanmar et la Chine. Elle va en prendre conscience en 1992.
En effet en 1992 la Chine terminait la construction du barrage de Manwan (production de plus de 1.000 mégawatts), sans avoir consulté les pays concernés en aval ni les riverains qui dépendent directement du fleuve pour leur existence quotidienne.
Depuis, la Chine a poursuivi la construction de nombreux barrages sur le Mékong, dont il faut se rappeler que la portion chinoise du Mékong représente 2.130 kilomètres, soit près de la moitié de la longueur totale du fleuve, et n’a pas l’intention de modifier sa politique.
Alexandre Heim, dans « La Chine, son eau et ses voisins » (7), rappelle que « les cours d’eau sont devenus pour les élites chinoises des objectifs stratégiques, des intérêts vitaux de la nation. La Chine semble désormais bien décidée à faire respecter son droit à disposer de ses ressources territoriales, et ce dans la plus totale indépendance : l’eau qui se trouve sur le territoire chinois appartient à la Chine. Et ce bien que ces mêmes eaux soient considérées comme tout autant vitales par les pays voisins. » Le plan quinquennal 2016-2020 prévoyant une croissance moyenne du pays, d'au moins 6,5% par an sur la période, faisant passer le PIB de 67.700 milliards de yuan (10.400 milliards de dollars) à plus de 92.700 milliards de yuan en 2020, ne semble pas indiquer - c’est un euphémisme - que les besoins en énergie hydroélectrique seront moindres. Et ceci d’autant plus que 1,42 milliard de Chinois sont attendus en 2020.
Les Chinois utiliseront donc au mieux le potentiel hydroélectrique de ses fleuves et de la section chinoise du Mékong qui est estimé à 36.560 MW, dont plus de 80 % se trouvent dans la province du Yunnan. Déjà, nous disent Olga Alexeeva et Yann Roche (8) dans « Le point de vue chinois sur les enjeux des barrages chinois sur le Mékong », on recensait en 2013, six barrages dans cette province dont la construction est achevée et deux autres projets en cours de réalisation Ces huit barrages formeront une gigantesque cascade dont la capacité installée totale se situera entre 15.900 et 20.000 MW. Au Tibet, les autorités planifient également de construire six barrages en cascade qui auraient une capacité installée totale de 6.300 MW, ce qui ne va pas sans soulever de vives controverses. La construction de ces six barrages devrait s’amorcer en 2015 et s’achever en 2030, avec les conséquences sur les équilibres écologiques du fleuve et la sécurité alimentaire de millions de personnes en amont, que l’on peut déjà prévoir.
Mais les autres Etats riverains pensent également à leurs propres intérêts, même si l’ampleur des barrages déjà réalisés en Chine et les projets futurs envisagés sont d’une autre amplitude que ceux déjà réalisés et prévus dans les autres pays. Ainsi par exemple Eric Mottet s’interroge sur « La politique hydroélectrique unilatérale du Laos » se demandant si elle marque la fin de la Commission du Mékong et des ambitions de coopération régionale. (9)
Aujourd’hui, l’État laotien a pour ambition de devenir le premier pays producteur d’électricité de la région du Bas-Mékong, et à cette fin, déroule une liste de 25 installations hydroélectriques opérationnelles (6.093 MW), ce qui représente 26,5 % du potentiel techniquement exploitable, 10 en cours de construction (3.447 MW), dont deux sur le cours principal inférieur du Mékong, Xayaburi et Don Sahong (En construction depuis 2016), 62 en phase de planification ou en étude de faisabilité (12 398 MW), soit au total 87 projets pour près de 22.000 MW.
Ainsi la construction du barrage hydroélectrique de Nam Theun 2 de 1.070 mégawatts sur la Nam Theun (ou Nam Kadding), un affluent du Mékong coulant au centre du Laos, dans la province de Khammouan, destiné surtout à la Thaïlande et dirigé par des entreprises privées (et publiques) comme le consortium, la Nam Theun 2 Power Company (NTPC), dans lequel EDF détient 40 % des parts, l'entreprise thaïlandaise Electricity Generating Public Company Limited (EGCO), premier producteur d'électricité indépendant en Thaïlande qui détient 35 % des parts, de NTPC et la Lao Holding State Enterprise (LHSE) 25 %.
En effet, Il ne faut pas oublier le rôle majeur des entreprises privées de production d’électricité qui sont des entreprises puissantes et dont le rôle ne se réduit pas à la construction de barrages et leurs intérêts croisés avec ceux des différents Etats.
Ainsi la junte du Myanmar a signé en mai 2007 un accord important avec la China Investment Corporation pour la construction de sept barrages hydroélectriques sur le haut-cours de l'Irrawaddy, la Mali et N’Nai dans l’Etat de Kachin. (13 360 mégawatts prévus, dont le plus important est celui de Myitsone (3.600 MW prévu pour un coût de 3,6 milliards de dollars). Certes ce projet a été suspendu plusieurs fois, sous l’action principalement de groupes de la société civile et d'organisations de l'Etat de Kachin, et il est difficile de prévoir sa mise en action, mais il est tout aussi difficile d’imaginer le renoncement de la Chine et de la China Power Investment Corporation, au vu de la stratégie chinoise et des sommes engagées. (Auquel on peut ajouter le barrage sur la Salouen dans l’Etat Shan (7.100 mégawatts). (10)
Ce détour par les barrages sur l’Irrawady était nécessaire pour comprendre que la compréhension de la problématique à propos des barrages sur le Mékong ne pouvait se faire que dans un ensemble plus vaste comprenant la stratégie des Etats et des grandes entreprises productrices d’énergie, leur compétition et/ou leurs « intérêts mutuels » ; ce qui ne peut qu’affaiblir les contestations de ceux qui en subissent les conséquences.
Ainsi la Thaïlande, outre le gaz importé du Myanmar, tire en grande partie son énergie de barrages situés au Laos. Elle doit acheter la majorité de l'électricité générée par le futur barrage de Xayaburi, projet de 3,8 milliards de dollars dont Vientiane a annoncé la suspension en attendant de répondre aux inquiétudes de ses voisins (graves incidences sur la pêche et la production de riz), mais dont les travaux préparatoires ont commencé. On peut prévoir de nombreux reports, manifestations, études complémentaires, mais il est difficile de croire que le Laos va renoncer au barrage de Xayaburi et aux 7 autres prévus en sachant que cette ressource est vitale pour son avenir en considérant que leurs productions devrait être de 38.000 mégawatts en 2020, soit une capacité 15 fois supérieure à ses besoins nationaux.
Quant-à la Thaïlande il faut savoir que la part de l’hydroélectricité ne représente que 3,2 % (dont 0,7 % d’hydroélectricité nationale) de sa production d'électricité.
(90,9 % d'énergies fossiles (gaz naturel : 68,3 %, charbon et lignite : 21,6 %, pétrole : 1 %) et 9,1 % d'énergies renouvelables : biomasse 4,7 %, solaire photovoltaïque 0,8 %, éolien 0,2 % » (Cf. Wikipédia)
Mais les différents pays agissent en fonction de leur situation économique et de la géolocalisation de leur potentiel hydroélectrique et … des financements chinois.
Ainsi un pays pauvre comme le Cambodge, dont la moitié de la population de 15 millions d’habitants n’a pas d’électricité, a pu trouver un accord avec la compagnie publique chinoise China Huadian Corp et puis avec la China National Heavy Machinery Corporation (CNHMC), pour répondre à une partie de ses besoins énergétiques. On peut remarquer que la majorité des barrages construits et à construire ne sont pas sur le Mékong ou ses affluents.
Le Cambodge a pu ainsi inauguré en 2015, le barrage hydroélectrique de Russei Chrum Krom, d’une puissance de 338 MW, le plus grand du pays, situé dans la partie Sud-Ouest de la province de Koh Kong, financés à hauteur de 500 millions de dollars par la compagnie publique chinoise China Huadian Corp. « Cette dernière exploitera le barrage pendant 35 ans, en vertu des termes d’un contrat de construction/exploitation/transfert signé entre les deux pays pour une durée de 35 ans. Après quoi l’unité de production sera restituée au gouvernement cambodgien. ». (wikipédia) Un accord prévoit le prix de l’électricité revendue à l’Etat.
Fin 2015, a été inauguré le barrage hydroélectrique de Stung Tatay, d’une puissance de 246 MW, dont la construction a été assurée par la China National Heavy Machinery Corporation (CNHMC), sous le nom de la société de cambodgienne Tatay Hydropower Limited ; avec là également un accord de transfert de construction-exploitation de CNHMC de 37 ans, pendant lequel la CNHMC revendra l’électricité au gouvernement cambodgien.
Et la politique des barrages va se poursuivre : Un nouveau barrage financé par la Chine, d'une capacité de 400 mégawatts, serait inauguré en 2018, dans la province de Stung Treng, dans le nord du Cambodge, sur un affluent du Mékong. Et neuf autres barrages - dont plusieurs sont financés par la Chine - doivent ouvrir en 2019.
Au Vietnam, le secteur de l'hydroélectricité occupe une place majeure dans l'économie du pays : sa part dans la production d'électricité était de 36,6 % en 2015 (42,9 % en 2014). Si tous les barrages ne sont pas situés, là aussi, sur le Mékong et ses affluents, comme le barrage de Son La, situé sur la Rivière Noire dans la province de Son La, qui a la plus grande puissance hydroélectrique du Vietnam et de l’Asie du Sud-Est avec une capacité de 2.400 MW, on peut citer le barrage de Yali Falls de 720 MW et le Se San 4 de 360 MW, situés sur un affluent du Mékong, le Sesan ((Tonlé San).
Toutefois la région du delta du Mékong - où vivent près de 20 millions de personnes et qui concentre 25 % de son PIB et produit plus de la moitié de la récolte nationale de riz - est menacé par les barrages et les aménagements qui modifient l’hydrologie du fleuve en amont, mais il est aussi menacé par l’élévation du niveau des mers, qui entraîne la submersion d’une partie du delta et la salinisation de ses eaux. « Cette triple menace risque d’engloutir le delta dans une spirale d’appauvrissement des populations, de dégradation de l’environnement et de baisse de la production alimentaire. » (11)
Mais quelle que soit la problématique envisagée, il est évident que le Mékong a une grande importance pour les populations qui en dépendent, mais il faut constater que :
« Les appels à la protection du fleuve sont jusqu'ici restés lettre morte en Asie du Sud-Est, où les gouvernements sont impatients de répondre aux besoins énergétiques et ne veulent pas résister à la Chine ou renoncer à de gros contrats.(…) Une grande partie des bénéfices seront récoltés par les intérêts financiers et commerciaux impliqués et ce sont les communautés le long du fleuve qui seront affectées", ajoute Maureen Harris. » (In Le petit journal (8)) En effet, on se souvient qu’en 1994 en Thaïlande, l’Electricity Generating Authority of Thailand (EGAT) en construisant le barrage Pak Mun sur la rivière Mun, confluent du Mékong, ne s’est pas trop préoccupé des effets négatifs sur les pêcheries de la rivière, ni des plaintes des 3000 familles déplacées sur des terres non fertiles, et des compensations dérisoires.
Et pourtant on sait que ces barrages perturbent, affectent dangereusement « l’écosystème » du fleuve. Nous l’avons signalé pour le delta du Mékong, et c’est peut-être plus vital pour l’immense pêcherie du lac Tonle Sap basée sur un phénomène de renversement saisonnier du cours de la rivière reliant ce lac au Mékong, lors de la grande crue de ce dernier au Cambodge, et où naissent près des deux tiers des poissons du Mékong, et dont beaucoup ne peuvent remonter le fleuve pour venir s’y reproduire. (11)
Les barrages chinois achevés ou en projet (Et les autres) auront de toutes façons pour conséquences, de réduire le débit du fleuve en aval (d’un quart, selon certaines sources), de diminuer la biodiversité, l’habitat, les migrations et le stock des poissons ; les principaux nutriments et sédiments bloqués en amont ; d’entrainer le déplacement de dizaines de milliers de personnes victimes d'inondations ; Auxquels il faut ajouter les pesticides déversés, les niveaux de pollution accrus, les déforestations, les mangroves transformées en rizières, les étangs artificiels à poissons d'élevage, la surpêche destructrice, l’agriculture gourmande et des systèmes d’irrigation archaïques, etc., sans oublier la pression démographique et le réchauffement climatique. (Cf. Article de Libération (3)).
Il y a là –bien sûr- matière à « s’inquiéter », en étant peu convaincu par des ONG pourtant légitimes, qui demandent comme le Mouvement mondial pour les forêts tropicales (WRM) d’ « Arrêtez tous les barrages du bassin du Mékong ! » ou comme le WWF qui recommande un moratoire de 10 ans. (12) On pense à la coalition « Save the Mekong » créé en 2008, composée d’intellectuels, de journalistes, d’artistes, de pêcheurs, d’agriculteurs, « exhortant les gouvernements du Mékong à faire en sorte que le Mékong continue de couler librement pour sauver cette source essentielle de nourriture, de revenus et de vie pour les générations présentes et futures. » Ou comme les réseaux de communautés de pêcheurs qui réitèrent, lors de leurs réunions que « toute initiative destinée à éviter que les habitants du pays du Mékong aient de l’information sur les barrages ou à les empêcher de manifester leur opposition à ces projets est une violation des droits de l’homme et de nos droits fondamentaux. »
On peut également douter de l’efficacité des nouveaux comités ou mécanisme de coopération sous-régionale qui comprennent six pays du bassin du fleuve Lancang-Mékong : Cambodge, Laos, Chine, Myanmar, Thaïlande et Vietnam, comme le CLM créé en mars 2016, ou au nouveau « Centre mondial pour les études sur le Mékong » (GCMS) fondé le 28 septembre 2017 pour promouvoir les échanges académiques et fournir un soutien intellectuel à la Coopération Lancang-Mékong (CLM), soutenu par la conseillère politique de l’Ambassade de Chine au Cambodge ! (13)
Oui, que pèse la voix de victimes et des ONG qui les défendent face aux décisions étatiques et aux investissements privés qui sont les principaux moteurs de la construction de ces barrages hydroélectriques ? Nul ne peut penser que la Chine et les autres pays du Mékong ne poursuivront pas leur politique de construction de barrages pour répondre aux besoins électriques de leurs compatriotes.
On peut penser que « la coopération » entre la Chine superpuissance et les 5 autres Etats du Mékong se réduira au mieux dans l’obtention de compensations via des investissements le long du Mékong et des prêts à taux réduit, de bénéficier de certains gestes de la Chine comme en 2016, lorsque Pékin avait ouvert ses vannes pour permettre au Vietnam d'atténuer les effets d'une grave sécheresse ou comme la Thaïlande de pouvoir bénéficier du grand projet de la ligne TGV qui va relier la Chine à Singapour et dont la construction de la première section qui reliera Bangkok à la province de Nakhon Ratchasima, sur 253 km a officiellement commencé le 21 décembre 2017
Vision pessimiste ? Réaliste ? A vous d‘en juger.
Notes et références.
(1) Luc Lacroze, « Les grands pionniers français du Mékong. Une cinquantaine d’années d’aventures. (1884-1935) », L’Harmattan, 1996.
A 168. La première expédition française du Mékong (1866-1868). http://www.alainbernardenthailande.com/article-a166-la-premiere-expedition-fran-aise-du-mekong-1866-1888-124795735.html
Et les articles A169, A171, A172, A173.
(2) Cf. entre autres : H16- LA « MARCHE DU MEKONG », UNE VICTOIRE DU CAPITAINE LUC ADAM DE VILLIERS SUR LES SIAMOIS EN JUILLET 1893. http://www.alainbernardenthailande.com/2017/11/h16-la-marche-du-mekong-une-victoire-du-capitaine-luc-adam-de-villiers-sur-les-siamois-en-juillet-1893.html
(3) A 240. LES MYSTÉRIEUX NAGAS DU MÉKONG CRACHEURS DE BOULES DE FEU http://www.alainbernardenthailande.com/2017/09/a-240-les-mysterieux-nagas-du-mekong-cracheurs-de-boules-de-feu.html
(4) https://lepetitjournal.com/bangkok/inquietudes-pour-le-mekong-menace-par-les-barrages-chinois-220500
Cf. http://geopolis.francetvinfo.fr/le-mekong-menace-par-les-barrages-20489
Cf. Mouvement mondial pour les forêts tropicales (WRM), « Les barrages sur le Mékong enflamment la région », Publié le 30 mars, 2011 https://wrm.org.uy/fr/uncategorized/les-barrages-sur-le-mekong-enflamment-la-region/
(5) Thèse de doctorat de Thiet Nguyen Van, « Aménagements hydroélectriques et conséquences environnementales dans le nord du Vietnam, Université Toulouse le Mirail - Toulouse II, 2015. Français. <NNT : 2015TOU20031>. <tel-01286577> https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01286577/document
(6) Nguyen Quoc Dinh, « L’internationalisation du Mékong », Annuaire français du droit international, volume 8, 1962, pp. 91-115
Cf. aussi Le Mékong, un fleuve "total", par Franck Michel, Une promenade fluviale - en images - au fil des histoires et des cultures asiatiques. https://www.deroutes.com/AV5/mekong5.htm
(7) Alexandre Heim, sous la direction de Barah Mickaël, Institut des Relations Stratégiques et Internationales, mai 2010, « La Chine, son eau et ses voisins », « Aperçu des pénuries en eau annoncées du XXIème siècle ». Cf. II.3 : Le Mékong ou le déni des « barbares » du Sud, pp. 22-25
(8) Olga Alexeeva et Yann Roche, « Le point de vue chinois sur les enjeux des barrages chinois sur le Mékong », L’Espace Politique [En ligne], 24 | 2014-3, mis en ligne le 12 janvier 2015, consulté le 23 janvier 2018. http://journals.openedition.org/espacepolitique/3268
Cf. La consultation du Laos PDR, Department of Energy Business, en ligne : http://www.poweringprogress.org/new/power-projects/plan, donne une idée impressionnante du nombre de barrages.
Mais la construction de ces barrages a des conséquences sociales et environnementales néfastes. Elle entraîne le déplacement de populations ainsi que des inondations, comme ce fut le cas à la fin de l’année 2013 au Nord du Laos et de la Thaïlande (zones oranges sur la carte). »
(9) « La politique hydroélectrique unilatérale du Laos marque-t-elle la fin de la Commission du Mékong et des ambitions de coopération régionale? », Éric Mottet, CQEG https://cqegheiulaval.com/la-politique-hydroelectrique-unilaterale-du-laos-marque-t-elle-la-fin-de-la-commission-du-mekong-et-des-ambitions-de-cooperation-regionale/
(10) L’explication et les enjeux de ce barrage sur youtube : https://www.youtube.com/watch?v=zxHQDutrfzc
Cf. aussi « Conséquences environnementales, sociales et politiques des barrages. Étude du cas du Mékong », ARNAUDET Lucie, ARNOUX Marie, DERRIEN Allan, SCHNEIDER, MAUNOURY Laure http://www.environnement.ens.fr/IMG/Mekong.pdf
Pour mesurer la puissance de, China Power Investment Corporation il faut savoir qu’elle a fusionné en mai 2015 avec State Nuclear Power Technology Corporation (SNPTC) pour former State Power Investment Corporation (SPIC), dont l'activité principale est le développement de centrales nucléaires de troisième génération de type AP1000. SPIC détient des actifs hydroélectriques, thermiques (charbon), nucléaires et renouvelables avec une puissance installée totale de plus de 100 000 MW, dont 40 % d'énergie propre. )
(11) Cf. Article de Libération : Reportage « Delta du Mékong : le triangle des inquiétudes Par Arnaud Vaulerin, envoyé spécial à Can-Tho (Vietnam) — 7 février 2016 à 19:26 (mis à jour le 8 février 2016 à 10:37) http://www.liberation.fr/planete/2016/02/07/delta-du-mekong-le-triangle-des-inquietudes_1431029
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BernardR 08/02/2018 02:39
grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-b 04/03/2018 03:06
Marie Christine 03/03/2018 15:19
Cécile DE BARBEYRAC 07/02/2018 18:48
grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-b 08/02/2018 00:47