C’est un sujet que nous avons déjà abordé à la lumière de nombreuses sources justificatives (1). Il faut bien évidemment s’entendre sur le sens des mots. Pour nous, un coup d’état est une entreprise violente par laquelle une personne ou un groupe s'empare du pouvoir, cherche à la renverser ou une mesure par laquelle un gouvernement ou des tribunaux à sa solde changent brutalement le régime en dehors des lois. S’il réussit, il devient plus noblement une révolution (en thaï Kanpatiwat – การปฏิวัติ), s’il échoue, il reste coup d’état, putsch ou pronunciamiento (en thaï Ratthaprahan – รัฐประหาร) ou une révolte (en thaï Kan Khabot - การขบถ). Qu’il reçoive à posteriori une onction plébiscitaire ou populaire ne change rien à sa nature (2). On cite en général une douzaine de coups d’État depuis le premier de juin 1932 jusqu’au dernier du 20 mai 2014 et sept échecs (3). Notre recensement susvisé, commencé il est vrai au début du siècle dernier porte, sur les coups d’État, coups d’État au sens large mais coups d’État tout de même : « coups d’État » proprement dit, « soulèvements populaires », « coups d’État silencieux », « coups d’État judiciaire », « tentatives séparatistes » et enfin « régicide » (4). Notre inventaire aboutit donc au chiffre de 42 dont quatre antérieur au coup d’État de 1932 avaient échoué. Des coups réussis, des coups sournois, des coups manqués et hélas beaucoup de sang versé.
NOTES
(1) Voir notre article 214 « COMBIEN DE COUPS D’ÉTAT, DE RÉBELLIONS, DE RÉVOLTES ET DE SOULÈVEMENTS EN THAÏLANDE DEPUIS LE DÉBUT DU SIÈCLE DERNIER ? »
(2) Citons pour notre pays le coup d’État du 18 brumaire, celui du 2 décembre 1851, celui du 13 mai 1958, tous ultérieurement plébiscités ou celui du 19 septembre 2006 qui chassa Thaksin Chinnawat (ทักษิณ ชินวัตร) globalement bien accueilli par la population thaïe.
(3) Ce sont les chiffres donnés par Jean Baffie et Thanida Boonzanno dans leur excellent petit ouvrage « Dictionnaire insolite de la Thaïlande » antérieure au dernier de 2014 mais il ne s’agit pas d’un livre d’histoire.
(4) La mort du petit roi Ananda le 9 juin 1946 fut probablement inspirée soit par le souhait de « dissuader » son jeune frère, futur Rama IX alors âge de 19 ans, mineur et sous la tutelle de sa mère, d’accepter la succession en écartant la lignée Bhumibol soit pour faire disparaître la monarchie, ce dont fut accusé Pridi qui resta en tous cas prudemment réfugié en France jusqu’à sa mort. Le procès de trois meurtriers s’est déroulé à huis clos et ils furent immédiatement exécutés après que leur grâce eut été refusée. Faut-il s’étonner de ce « black-out » alors que dans un pays devenu une démocratie dite parfaite, l’Espagne, les conditions dans lesquelles Juan Carlos, père du roi actuel, a tué accidentellement son jeune frère reste encore à ce jour un sujet tabou ?
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