Nous avons brièvement relaté (article 8), l’historique du contentieux entre la Thaïlande et le Cambodge à propos du temple de Preah Vihear.
En 1954, lors du départ des Français et de l’accès du Cambodge à l’indépendance, le gouvernement thaïlandais fit occuper le temple par ses forces armées. La protestation du Cambodge aboutissait à la Cour Internationale de justice de La Haye, qui lui attribuait, le 15 juin 1962, la propriété du temple de Preah Vihar. Mais le fait que la Cour n’ait pas statué sur les terres environnantes ne pouvait aboutir qu’à une revendication des deux parties et devenir une source de conflit permanent. Une carte de google et surtout le classement du temple au patrimoine mondial de l’Unesco en juillet 2008 exacerbaient les nationalistes des deux bords.
Y-a-t-il, au delà de ces querelles historiques, géographiques et juridiques, une explication à la décision de la Cour Internationale de Justice ?
Peut-être ?
A cette époque, Norodom Sihanouk, actuel « roi-père » du Cambodge n’est plus roi mais chef d’état à vie. Il est aussi le très charismatique chef de file des pays non engagés, il n’a pas avec lui la force militaire mais une incontestable aura internationale, méritée ou pas, dont ne bénéficie pas le pouvoir en place à Bangkok. Il est l’ « ami » tout autant de Léopold Senghor que du Général De Gaulle ou de Mao-tsé-toung. « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir ». Sa personnalité puissante a-t-elle influencé la décision de la Cour ? Bien malin qui le dira. Au passage, je me contente de faire un peu de mauvais esprit.
J’en étais au stade des suppositions (malveillantes) jusqu’à ce que je tombe par hasard sur les mémoires de Samdach Son-Sann ancien premier ministre du Cambodge de 67 à 69 qui indique froidement comment le procès a été « préparé discrétement » : promesse de soutien des juges issus du bloc communiste (il y avait deux polonais), soutien d’un juge d’ « un grand pays asiatique » par l’intermédiaire d’un « banquier américain ami », promesse du Japon (en échange d’un vote favorable à l’ONU)... ce qu’il appelle une « longue et minutieuse préparation du dossier ».
3 des juges (au moins) avaient donc pris partie AVANT d’entendre les plaidoiries et d’étudier le dossier. Les avocats malicieux appellent cela « plaider dans les pissotières ». Reprenons le décompte des voix ci-dessus en faisant fictivement basculer des trois voix de complaisance : 9 – 3 = 6 et 3 + 3 = 6, match nul sur la propriété du temple. Sur le second problème, 7 – 3 = 4, 5 + 3 = 8, la Thaïlande gagne. Un aveu explicte du soutien du bloc communiste et de la finance américaine.
Si vous ne me croyez pas, allez donc sur le site où l’ancien premier ministre dont je n’ai aucune raison de soupçonner la parole nous narre les dessous de ce procès !
http://www.taansrokkhmer.com/temple_de_preah-vihear.ws
L’Isan enfin n’est pas frappé par la question majeure des provinces musulmanes du sud. Les minarets des petites communautés mahométanes éparses ça et là coexistent sans problèmes apparents avec les clochers des églises catholiques et les djedis des bouddhistes.
Ces questions frontalières peuvent apparaître comme une question internationale de bornage et de mur mitoyen, querelles d’avocats, voila tout ! Mais les querelles de mur mitoyen ne donnent lieu qu’à des questions d’argent, les querelles de frontière ont fait couler autant de sang que le Mékong charrie d’eau dans l’année. Les frontières restent tracées à la pointe du sabre même si le droit international tente d’établir quelques règles.
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