Des couleurs à utiliser pour respecter les traditions, aux bons usages de la tenue vestimentaire.
« Dans les époques anciennes jusqu’à ce jour, il est préférable de choisir la couleur de son habillement en fonction du jour de la semaine » nous enseignent de vieux traités de savoir-vivre siamois (1) :
Le dimanche,
rouge ;
Le lundi,
jaune ;
Le mardi,
rose ;
Le mercredi,
vert ;
Le jeudi,
orange ;
Le vendredi,
bleu ciel ;
Le samedi,
violet,
noir
ou pourpre.
Ces ouvrages datant de plusieurs dizaines d’années, il y a probablement tout une symbolique derrière ces préceptes mais ils ne nous en donnent pas l’origine. Nous y retrouvons peu ou prou les sept couleurs qui forment le rayon solaire décomposé par le prisme : violet, indigo, bleu, vert, jaune, orangé, rouge.
La symbolique des couleurs est à l’origine d’une épaisse littérature « à mystère » qui n’est pas toujours convaincante car leurs conclusions péremptoires ne sont pas convergentes (2).
Nous trouvons peut-être un début d’explication dans le choix des couleurs du drapeau thaï depuis 1917 :
le rouge est la couleur du peuple,
le bleu celle de la royauté
et le blanc celle de la religion bouddhiste (3).
Les vêtements blancs sont réservés aux jours de deuil et aux nonnes bouddhistes.
Le noir est également comme chez nous signe de deuil.
Si ces préceptes ne paraissent plus guère respectés au quotidien (4), nous en trouvons tout de même des traces au XXIème siècle. Le pavillon personnel de S. M. le Roi est jaune puisqu’il est né un lundi,
celui de S.M. la Reine est bleu puisqu’elle est née un vendredi.
Le parti des rouges est le parti qui représente ou prétend représenter le peuple.
Celui des jaunes est celui de ceux que l’on qualifie habituellement d’ultra royalistes.
Ne philosophons pas sur cet abandon des traditions (que Montesquieu
considérait comme des « filles de l’ignorance »), d’autres l’ont fait mieux que nous (5). Constatons simplement après Lavoisier
que « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ».
Beaucoup plus prosaïquement, actuellement, le port de vêtements rouges ou jaunes par les expatriés risque d’être mal interprété par nos amis thaïs.
______________________________________________________________________________________
Notes
(1) มารยาไทย (« savoir vivre thaï ») sans date. ประไพณีพิธีมงคลไทยอีสาน (« Traditions et rites thaï-isan ») sans date.
(2) « La palette théorique ou classification des couleurs » par J.C. M. Sol, 1849. « Des couleurs symboliques » par Frédéric Portal, à Paris, 1857. « A propos des couleurs symboliques des points cardinaux », article de Louis-Charles Damais
dans le bulletin de l’Ecole Française d’Extrême-Orient, tome 56, 1969, pp 75-118.
(3) «ธงไทยเล่ม ๑ » (Thong Thai – Laem 1) par Chawingam Macharoen, 2002, Bangkok. ISBN 974-419-454-5.
(4) Mais l’on voyait encore beaucoup de jaunes le lundi avant même que cette couleur ne devienne l’expression d’un choix politique.
(5) « Le règne de la quantité et les signes des temps »
par René Guénon, chez Gallimard, 1945.
commenter cet article …