Lecture de "Les Liens qui unissent les Thaïs, Coutumes et culture", de Pornpimol Senawong, 2006.
Nous avons tous quelques idées sur les coutumes et la culture thaïes, aussi ai-je ouvert ce livre avec le projet de retenir ce que l’auteur juge comme essentiel et également de noter ce qui était « nouveau » pour moi.
La préface donne souvent le pacte de lecture. Ainsi l’auteur nous dit que ce livre est destiné aux apprentis-guides du tourisme et qu’ « il fournit des connaissances fondamentales sur les caractéristiques sociales et culturelles thaïes ».
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L’ambition est affichée et la table des matières doit donc nous donner l’importance que l’auteur accorde aux éléments constitutifs de sa culture. Je ne suis pas étonné que sur 170 pages, 66 pages soient consacrées aux croyances, traditions bouddhistes, cérémonies et festivals .
C'est aussi la vision la plus évidente pour chacun. On ne sera donc pas surpris par la description des objets des temples, des rituels, par l’évocation par ex. des moines bouddhistes dans leur robe safran recevant le matin leurs aumônes dans leurs bols, la participation aux jours « sacrés » bouddhistes (même si on ne souvient pas des noms), et aux événements/fêtes comme par exemple le Loy Krathong et Songkran… et la cérémonie si typique du mariage.
Par contre, on sera plus étonné que l’auteur commence son livre par les amulettes et charmes, la maison des esprits et les superstitions, à moins, bien sûr, qu’il considère que l’animisme avec sa croyance aux esprits constitue le socle culturel fondamental commun à tous les Thaïs. Il constate au moins : « Bien que la majorité des Thaïlandais soit bouddhiste, l’animisme a une grande influence sur leur vie ».
Ensuite 44 pages sont consacrées à ce que l’on peut considérer comme le fond de commerce du genre, à savoir la nourriture thaïe et l’artisanat.
La nourriture thaïe est présentée avec ses plats les plus typiques : le kaeng-curry, le nam phrik et ses ingrédients, les phat-plats frits/sautés, les différentes tom-soupes, les yams-salades thaïes et som tam et toute la richesse des herbes utilisées comme dans le tom yam par exemple. On ne peut éviter la culture du riz « au centre des coutumes et des pratiques traditionnelles nationales ». L’auteur insiste à juste titre, mais sans vraiment développer, sur le caractère « sacré » et « symbolique » de cet aliment de base, dont de nombreuses coutumes associées demeurent encore aujourd’hui.
Ensuite vient l’artisanat, qui commence avec l’évocation des « produits Bencharong » qui sont en fait les céramiques émaillées anciennes vernies à cinq couleurs (bencha cinq, rong couleur) qui étaient utilisées à la Cour. Mais ce qui est intéressant et assez rare est que ces ustensiles anciens sont « à nouveau produits pour un usage quotidien et pour l’exportation ». Ils sont redevenus un marqueur culturel. Ensuite quelques pages sont consacrées à l’artisanat populaire avec le masque Khon porté par les personnages du Ramakien, les produits laqués, les articles « Nielle » et l’art de décorer les ustensiles en argent.
Par contre ensuite pour la première fois, l’auteur décrit un projet gouvernemental : l’OTOP, un tambon, un produit. Ce projet vise surtout à « renforcer le développement communautaire » en générant des revenus. Il termine sur l’argenterie, les objets en bronze et la soie.
Aux 2/3 du livre (p.119) l’auteur se devait d’aborder ce qui est le « lien » fondamental de toute culture : la langue.
Après le rappel classique de l’origine et du caractère infléchi tonale de la langue (les 5 tons), l’auteur adopte la présentation officielle qui renvoie les langues du sud, du nord et du nord-est à des dialectes régionaux. Il précise ensuite que la société thaïe est très hiérarchisée et que des termes spécifiques sont requis pour s’adresser aux différentes personnes, selon le statut social, l’âge, la richesse, le lien de parenté, d’amitié… avec un vocabulaire particulier pour le roi et la reine et la famille royale. Il évoque ensuite p.124, le système des noms qui est lié à « l’astrologie ». J’y vois le désir « religieux » (« superstitieux » ?) de se protéger en se mettant sous les bons auspices du « ciel ». Le livre commençait, on s’en souvient, par les amulettes, l’offrande à la maison des esprits. Il y a, je crois, dans ce désir de protection, un trait « culturel » fondamental.
Le chapitre suivant intitulé « Identité nationale » (p.127/ p.145) fait l’impasse sur ce qui en constitue souvent les « fondamentaux » (la langue ayant été traitée dans le chapitre précédent), à savoir l’Histoire et ses valeurs pour ne décrire que ses symboles « nationalistes » : l’hymne national, le drapeau, les trois emblèmes nationaux (la fleur « jaune » rathaphruek, l’éléphant et le sala thaï (pavillon de style thaï) ), l’hymne royal.
En effet, on ne peut échapper à l’hymne national et nous avons tous été étonnés la première fois, quand dans la rue à 8 h et à 18 h les gens s’arrêtent pour écouter l’hymne national, ou bien , en passant devant une école assister au début des cours à la levée des couleurs et d’écouter les élèves chanter l’hymne national, ou bien encore dans une salle de cinéma, avant la projection du film, voir tout le monde se lever pour écouter l’hymne avec la photo du roi à l’écran. Je suis plus surpris ensuite par le choix des processions de barges royales (sic).
Par contre, j’avoue mon ignorance à propos du sourire, un véritable système de communication, dit-elle. J’en étais encore au pays du sourire et ne savais pas que derrière se cachaient en fait 18 types de message (voire plus ?) de sourires répondant à des situations et sentiments codés, du style : grand, penaud, méprisant, sec, embarrassé, amical non reconnu (sic), joyeux, triste, encourageant, épanoui, doux, honteux, encourageant, provocant, dédaigneux, contenu.
J’aime assez cette « découverte » qui nous invite à plus d’humilité dans ce que l’on croit savoir d' une culture. Le chapitre se termine sur l’usage du waï. Il n’est pas propre à la Thaïlande, mais souvent le premier geste « coutumier » que l’on apprend.
Ensuite le livre aborde les arts du spectacle (p. 145/163) avec les danses et pièces de théâtre, chansons interprétées lors des festivals et /ou cérémonies (le li-ké, le cam tat, le mo lan dans le nord-est, le nova dans le sud, la danse masquée Khon, et bien sûr le célèbre ramakien dérivé du Ramanaya (si important dans l’enseignement populaire bouddhiste))…
Le livre se termine par le chapitre « styles de vie » (p. 163/179), avec un curieux rappel du mâchement passé de la noix de bétel, et un catalogue disparate qui va du pagne au poisson de combat, à la boxe, aux cerfs volants, et pour la fin : les massages et saunas aux herbes.
Conclusion
Le livre qui se présentait comme un manuel qui devait fournir les « connaissances fondamentales » sur les coutumes et la culture thaïe ne dit rien sur la culture actuelle. Il n’y a aucune référence à la littérature, peinture, cinéma, chansons, séries TV, nouveaux modèles culturels et styles de vie de la société de consommation … sur cette « confrontation » entre les coutumes, traitées ici de façon « classique », et les nouvelles aspirations culturelles et « modernes ».
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yves 18/12/2011 13:21
grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-b 19/12/2011 01:55
David Magliocco 16/12/2011 16:13